Changements climatiques: comment sortir les négociations de l’ornière ?

Le Président de la République, au cours de la Conférence environnementale de Septembre, a proposé Paris comme siège de la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques de 2015 – celle qui doit en principe adopter un accord pour l’action mondiale dans les années à venir.

Mais à quelle condition un accord est-il possible?

L’Union Européenne, qui se veut le bon élève de la classe, propose au reste du monde une sorte de « Kyoto II », avec des engagements contraignants sur des niveaux précis d’émissions de gaz à effet de serre, pays par pays, des années à l’avance. Pour avoir étudié la question pendant des années, j’ai le sentiment très net que cela ne peut pas marcher. Plus encore, je crois pouvoir montrer qu’au-delà de son impossibilité politique, cette forme de coordination de l’effort n’est pas la bonne: on a besoin d’objectifs ambitieux comme guides de l’action, on n’a pas besoin d’objectifs juridiquement contraignants, qu’il faut donc atteindre précisément.

Dans une série d’études économiques, j’ai montré dans cette étude et mieux encore dans cette deuxième qu’il fallait encadrer d’éventuels objectifs quantifiés d’émissions par des prix plafonds et des prix planchers, car c’est la seule façon de bien gérer les incertitudes qui abondent de tous côtés.

Je n’ai aucun doute sur la réalité du changement climatique, notez-le bien, mais le rythme, l’ampleur et finalement les dommages des changements climatiques sont fortement incertains, comme le GIEC l’explique. Par ailleurs, les coûts des actions de réduction des émissions dépendent  d’évolutions technologiques qui ne sont pas entièrement prévisibles, de trajectoires de croissance économique fortement incertaines, et de prix des énergies fossiles encore plus incertains. Ce sont ces incertitudes qu’il faut gérer… tout en donnant aux acteurs (entreprises, ménages, etc…) la prévisibilité dont ils ont besoin pour consentir aux investissements nécessaires. Et il faut éviter d’ajouter une incertitude « politique » excessive aux incertitudes scientifiques et économiques, sinon les acteurs – ménages, entreprises, collectivités, etc. – ne consentiront jamais aux investissements nécessaires à la réduction du risque climatique. Tout cela suppose des « outils » et des modes de coordination de l’action un peu complexes…

Claude Henry, professeur à Polytechnique, m’a offert l’occasion de présenter ces travaux, en français, dans le cadre de son séminaire sur le  développement durable. Voici le lien.

Vous pouvez aussi accéder à ma présentation « prix plafonds » et à la vidéo de la conférence.

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