Dans Le Monde du 5 juin, Jean Tirolle et Christian Gollier, de l’école d’économie de Toulouse, affirment que « la technologie permet aujourd’hui de surveiller facilement les émissions de CO2 d’un pays ». Première nouvelle!
La réalité: chaque année, la quarantaine de pays de l’annexe I soumet au secrétariat de l’UNFCCC un inventaire de ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Cet inventaire comporte une soixantaine de feuilles de calcul et plusieurs centaines de pages qui détaillent les méthodes et sources de données sous-jacentes. Chaque année également, ces comptes sont audités par des experts accrédités.
Le Secrétariat de la CCNUCC assure la coordination des audits, la sélection des auditeurs et le développement d’outils qui facilitent l’analyse des innombrables colonnes de chiffres que constituent les inventaires.
Le Suivi, la Notification et la Vérification (MRV en anglais) des émissions des pays sont donc opérationnel dans le cadre onusien. Ce système est efficace : pour un coût modeste
– moins d’un million d’euros par pays et par an, soit 0,002 €/tCO2e en moyenne – il produit des données récentes et fiables sur les émissions.
A ma connaissance, cependant, aucune technologie ne permet de « vérifier les émissions de CO2 d’un pays » qui ne voudrait pas jouer le jeu.
Mais bon: cela ne suffit pas à disqualifier leur proposition, qui ressemble fortement à la dernière de Bill Nordhaus, et sur laquelle j’espère revenir prochainement.