Le Monde daté 13 octobre, p.12, s’interroge sur la fermeture des centrales à charbon françaises, aujourd’hui propriétés de l’Allemand E.On. Selon Jean-Michel Bezat qui signe l’article, ces centrales restent utiles, comme le gaz et l’hydraulique pour passer les pointes de consommation. « Jusqu’à présent, l’intermittence de la consommation (sic) était due à des épisodes de grands froids; demain, elle viendra de la part grandissante du solaire et de l’éolien, qui rendront les énergies fossiles plus nécessaires. »
Il est vrai qu’entre la faible modularité de la puissance nucléaire, et l’énergie « variable mais fatale », à prendre quand elle est là, parce que c’est la loi mais aussi parce que sur les marchés spot de l’électricité ces renouvelables, au coût marginal de fonctionnement voisin de zéro, sont imbattables, il faut interposer des moyens flexibles – hydraulique, et centrales à gaz. Mais les centrales à charbon sont, de toutes les énergies fossiles, les moins aptes à jouer un tel rôle. Elles ne peuvent moduler leur puissance que lentement, et dans des proportions limitées. Coûteuses en capital plus qu’en combustible, elles trouvent de plus leur économie dans un fonctionnement en base, et non pas en faisant de la dentelle. Bref, pour réduire la part du nucléaire au profit des renouvelables variables, sans augmenter les émissions de CO2 du secteur électrique, il faut plutôt fermes les centrales à charbon pour ouvrir des centrales à gaz. Avec des capacités au moins doubles, puisqu’un kWh gaz émet deux fois moins de CO2 qu’un kWh charbon, voire triples pour tenir compte d’un nombre d’heures à pleine puissance largement réduit puisqu’il s’agira avant tout d’accompagner l’essor des renouvelables.
Quand aux centrales à charbon elles-mêmes, il est difficile de les prolonger autrement qu’en les transformant en centrales biomasse, ainsi qu’on prévoit de le faire à Gardanne. Ce serait d’ailleurs une bonne occasion de les compléter d’un booster solaire, source de vapeur supplémentaire à température moyenne qui permet d’augmenter la puissance et l’output des centrales charbon sans dégrader leur efficacité – comme celui qu’Areva Solar est en train d’installer sur la centrale de Kogan Creek en Australie. Dans le cas des centrales charbon transformées en biomasse, ces boosters sont encore plus utiles car ils évitent une chute de puissance due à la moindre densité énergétique de la biomasse vis-à-vis du charbon. Mais, fonctionnant en base, elles n’aideront pas à gérer la variabilité du vent et du soleil – pas plus qu’elles n’auraient pu le faire en continuant à brûler du charbon.