On évoque en général deux manières de faire de l’hydrogène: la voie « brune » consiste à reformer le gaz naturel avec de de la vapeur ou à gazéifier du charbon ou des résidus pétroliers. Très majoritaire aujourd’hui, elle entraîne d’importantes émissions de CO2. Et la voie « verte », qui consiste à utiliser de l’électricité décarbonée pour électrolyser de l’eau (une autre voie verte repose sur la biomasse). Une nouvelle voie est en train d’apparaître, qu’on pourrait appeler la manière grise. Elle consiste à séparer le méthane, constituant principal du gaz naturel, directement en hydrogène et carbone solide. Du coup, pas besoin de capture et stocker du gaz carbonique! Alors, ce n’est peut-être pas aussi durable que l’hydrogène vert, et les conditions de production du gaz sont parfois discutables, mais si on peut utiliser du gaz en évitant les émissions de CO2 dès le début, c’est quand même intéressant.
Deux procédés semblent en concurrence aujourd’hui, l’Australien Hazer et l’Américain Monolith materials. Le première produit du graphene (très utile dans les batteries) et de l’hydrogène, le second du « carbone noir », un nanomatériel qu’on utilise dans les pneus, les imprimantes, les plastiques.
Je ne suis pas – pas encore – en mesure de vous détailler les avantages et inconvénients de chacun mais je peux vous dire que le second semble avoir une longueur d’avance, puisque la société est en train de construire une usine dans le Nebraska (voir image en tête). Et ce n’est pas qu’un pilote de petite taille, puisqu’elle devrait alimenter en hydrogène une centrale à… charbon du Nebraska Public Power District de 125 MW. Et oui, ce pourrait être au pays de Donald Trump que naîtra la première centrale électrique à hydrogène de grande puissance – alimentée au gaz mais n’émettant pas ou peu de CO2.
Ah! Et j’allais oublier… Le procédé a été mis au point à Mines Paris Tech, l’équipe de Sofia Antipolis que dirige Laurent Fulcheri. « On est les champions… » (air connu).