La réponse de John Ashton au PDG de Shell

ashtonBon d’accord, c’est pas d’aujourd’hui, c’était même avant COP21, une autre époque. Mais la réponse de John Ashton, ancien négociateur britannique sur les changements climatiques, à Ben van Beurden, le PDG de Shell, mérite d’être connue – elle vaut son pesant de moutarde.

Le discours de Ben van Beurden en date du 12 février 2015 n’était pourtant pas celui d’un climato-sceptique. Il reconnaît la gravité du problème. Il ne se déclare pas hostile aux renouvelables, et quand il pointe qu’on ne saurait se passer des énergies fossiles du jour au lendemain il marque un point facile. Il prétend seulement apporter du « réalisme et du sens pratique » aux négociations climatiques – qui peut être contre?

John Ashton, dans sa réponse, démasque le PDG de Shell: « Votre réponse est que nous devons nous calmer avec le climat. Nous pouvons avoir une transition mais pas une transformation. » Votre position est en fait un « manifeste pour le statu quo sur le pétrole et le gaz, justifié par l’argument sans fondement que le coût économique et moral d’en sortir excèderait les bénéfices des changements climatiques évités ».  Ashton relève dans le discours du PDG une touche de narcissisme (« dans le miroir du changement climatique vous voyez le système énergétique que vous eu tant de mal à construire que vous ne pouvez pas voir le besoin d’en construire un autre »); une touche de paranoïa (« vous craignez une conspiration imaginaire visant à votre rapide disparition »); et une touche de psychopathie (« grande estime de soi, manque d’empathie, tendance à écraser ceux qui se mettent en travers »). Il démonte ses critiques contre les subventions allemandes aux renouvelables, et son refus de reconnaître qu’une partie du capital de Shell est « échoué » (stranded assets). Pour finir, il l’invite à cesser de verser des larmes de crocodiles sur la longueur – inévitable – de la transition énergétique pour, tout à l’inverse, dire comment il veut contribuer à l’accélérer.

Un texte fort, et qui mériterait une publication intégrale en français… Et merci à l’ami  Raj pour l’avoir signalé.

 

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