Comment faire pour éviter une catastrophe programmée – une prochaine crue de la Seine susceptible de faire des milliards d’euros de dégâts en noyant une partie de la capitale et des communes avoisinantes? Une solution existe: le pompage.
La dernière fois c’était en janvier 2018, à près de six mètres, la fois d’avant en juin 2016, à plus de six mètres… Une crue égale ou supérieure à celle de 1910 n’apparaît plus comme improbable malgré les aménagements entrepris, et ses conséquences économiques pourraient être dévastatrices. N’y a-t-il rien à faire?
On a construit quatre barrages en amont de Paris, qui mettent de stocker 800 millions de mètres cubes d’eau, et gagner ainsi 50 cm de hauteur sur les crues d’hiver mais ils sont pleins pour les crues de printemps. Un nouveau projet de 50 millions de m3 permettrait de gagner 20 cm. Elargir la Seine? Impossible. Approfondir le lit? On l’a fait, on peut encore le faire. Mais tout ceci ne suffira pas. Alors que faire? Eh bien, pomper.
Voilà l’idée, telle que François Lempérière et Luc Deroo l’ont exposée lors d’un symposium du Comité Français des Barrages et Réservoirs, à Chambéry le 25 janvier dernier – en pleine crue donc. On barre la Seine un peu en aval de Paris, on pompe le débit total en amont du barrage pour le rejeter en aval. Oui je sais, ça a l’air idiot, une histoire de Shadock, on se dit que ça ne change rien à rien, et de fait ça ne change rien à l’aval, mais ça change tout en amont, on peut baisser le niveau de 2,15 m à 2,5 m dans Paris, parce qu’en accélérant le débit du fleuve on accentue sa pente sur une vingtaine de kilomètres. Et jusqu’à 3 m si on approfondit un peu le lit de la Seine. Soit toute la différence entre une crue comme celles que nous venons de vivre, et une crue comme celle de 1910 – en plus dévastatrice parce que la ville est aujourd’hui bien plus vulnérable.
Bon les pompes, d’une puissance de 70 à 100 MW pour pomper jusqu’à 3000 m3/jour, prennent un peu de place (voir schéma ci-dessus, vue du dessus). Elles pourraient être installées en souterrain dans l’Ile à Saint-Germain à Issy les Moulineaux, à un kilomètre en aval de Paris. Et pour protéger plus globalement le grand Paris, il faudrait songer à une deuxième station en aval, à Nanterre, et approfondir le lit de la Seine plus en amont sur 20 à 30 kilomètres.
Les barrages sont efficaces pour protéger des crues des rivières de pentes « normales », un mètre par kilomètre, mais peu efficaces pour les rivières de faible pente, moins de 30 cm par km, comme la Seine. La solution du pompage est plus efficace dans ce cas, et s’impose lorsqu’il y a des populations importantes à protéger. Elle a prouvé son efficacité en Angleterre, aux Pays-Bas, et pourrait, après Paris, devenir un must pour de grandes villes côtières menacées d’être prises en étau, dans un contexte de dérèglements climatiques croissants, par les crues de fleuves importants et à faible pente, et la montée des océans, qui en freine la dispersion.
Le coût de la protection de Paris? 200 millions d’euros pour les pompes, 50 à 100 M€ pour le barrage et les terrassements, 50 M€ pour le réaménagement du Parc, et encore 50 M pour le dragage du lit, la sécurisation des piles de pont, etc. Total 400 M€. Une somme, certes, mais y a-t-il tellement d’hésitations à avoir vu les enjeux – et la très forte probabilité d’un désastre annoncé?
Pour moi c’est clair: seuls les candidat(e)s à la mairie de Paris qui auront mis cette protection dans leur programme seront susceptibles d’avoir mon suffrage aux prochaines élections municipales.
Bonne année ami Shadock !
et pourquoi cela n’a jamais été fait avant, vu que c’est une équation de mécaflotte élémentaire?
on pourrait turbiner l’été et produire de l’élec en maintenant le niveau d’eau à une hauteur constante annuelle?