A peine avais-mis en ligne (et corrigé…) cette note de blog sur l’EROI que j’entends – par chance! – une chronique de Xavier de la Porte sur France-Cul portant exactement le même sujet. Alors d’abord, quand un journaliste d’un média non spécialisé m’informe de la parution d’une étude en plein dans mes centres d’intérêts, mais que j’ignore, je tire mon chapeau. Ensuite, quand il a l’intelligence de titrer sa chronique « Faire de l’écologie avec des données obsolètes », j’applaudis une deuxième fois. Mais d’abord, l’étude de l’Imperial College, : elle montre comment le retour énergétique du PV a été le plus souvent sous-estimé, car appuyé sur des données obsolètes. Cette méta-analyse de 29 études d’Energy Return on Investment, ici désigné Net Energy Ratio (or Return value), avec des valeurs médianes de 8,6 et 9,2 pour les modules mono- et poly-, montre qu’elles s’appuient sur des données d’âge moyen 7 ans, avec une fourchette de 2 à 18 ans. Sept ans, une éternité pour le photovoltaïque!
L’étude Prieto et Hall que je citai, parue en 2013, un des auteurs « avouant » des données de 2008, s’appuierait selon l’Imperial collège de données datant en moyenne de 2004. L’étude que j’évoquai, sans en nommer les auteurs par charité, publiée en 2016, qui donnait un retour sur investissement inférieur à un en Europe du Nord, reposerait sur des données datant de 1998! C’est comme évaluer la performance d’une Tesla avec les données de la Jamais Contente, pour ne pas dire le Fardier de Cugnot.
Si l’on supprime les données antérieures à 2008, les retours énergétiques sur investissement augmentent substantiellement, passant à 15 et 13 (contre 6,6 et 7,5 pour la moyenne des études basées sur des données de 2004 à 2008, 5,7 et 8,8 pour les études basées sur des données antérieures à 2004).
Et je laisse la conclusion à Xavier de la Porte (ainsi que le lien vers l’analyse de Nafeez Ahmed): « l’énergie solaire est aussi performante que le pétrole ou le gaz. Aujourd’hui, le pétrole et le gaz produisent 15 fois l’énergie nécessaire à leur production, un chiffre en baisse régulière du fait des efforts à fournir pour trouver de nouvelles ressources et la qualité de plus en plus médiocre de ces ressources. Le rendement de l’énergie solaire est aujourd’hui entre 14 et 16, et ne cesse d’augmenter avec l’amélioration des technologies. Bref, on est dans une situation assez incroyable où des données obsolètes produisent des résultats qui ne correspondent pas à la réalité. Mais ce sont ces résultats qui servent aux décideurs politiques à définir leur politique énergétique pour les décennies à venir.
Et franchement, on ne saurait mieux dire.
(la suite ici)
J’ai moi aussi eu vent de cette chronique sur France-Culture et recherché le papier de Rembrandt Koppelaar. Alors que certaines thèses continuaient à circuler sur le non-efficience du photovoltaïque, toutes les dernières publications de prix ou d’appel d’offres tendaient à indiquaient le contraire.
Le rétablissement de la vérité sur le EROI est une très bonne chose, d’autant plus que ce facteur va encore s’améliorer par les nouveaux processus de fabrication (moins de gaspillage de matière au façonnage) et par une amélioration du rendement des cellules (non ça n’est pas fini), enfin par les usages de mise en oeuvre puisque le recours à des système de suivi du soleil mono-axiales commence à se généraliser contribuant à augmenter l’énergie collectée par les centrales PV.
Par effet induit, les cellules solaires étant principalement consommatrices d’énergie électrique et avec l’amélioration du mix énergétique de leurs lieux de production (moins de carbone), l’emprunte carbone du PV va également décroitre dans un effet de spirale positive.
Oui il est important de comprendre que le PV est en passe de devenir l’énergie susceptible de générer le meilleur EROI ce qui doit être accueilli comme une excellente nouvelle. En effet, tant que nous n’aurons pas changés de modèle de société, l’énergie reste le carburant de la croissance économique. La forte croissance de la population de certaines régions du globe va avoir besoin de son carburent pour offrir une chance à l’émergence d’un tissu économie durable et distribué sur de vastes territoires.
Le PV, par sa relative robustesse et sa simplicité technologique de mise en œuvre s’impose comme la solution de choix pour aider notre planète.