L’AIE a donc publié le mois dernier son premier rapport sur les investissements énergétiques dans le monde. Evalués en termes financiers, les investissements 2015 dans les énergies renouvelables – 288 milliards de dollars des Etats-Unis, se situent au même niveau que ceux de 2011 – mais délivreront un bon tiers d’électricité renouvelables de plus, en année « moyenne » quelque 350 milliards de kilowattheures de plus.
C’est la bonne nouvelle – une démonstration de la baisse des coûts des technologies renouvelables. La moins bonne nouvelle… c’est que ce n’est pas encore assez.
Comme on peut le voir ci-dessous, les investissements dans les centrales thermiques à combustibles (ou nucléaires) sont encore importants, dans les 125 milliards de dollars. Bon, on peut toujours se dire qu’il y a des centrales modernes, plus efficaces, qui remplaceront des centrales anciennes, très polluantes, des centrales à gaz qui remplaceront des centrales à charbon. Certains investissements sont sans doute indispensables, mais on voit bien malgré tout que la progression des renouvelables n’est pas encore assez rapides pour nous mettre sur la voie de la décroissance des émissions de CO2 compatibles avec les objectifs de l’accord de Paris.
Et puis, il y a les investissements dans la production des combustibles fossiles – la moitié d’un total de 1800 milliards de dollars. Exploration, exploitation, transport, stockage, raffinage… La première réaction est d’effroi – tant que ça? Mais les choses sont plus complexes. La part du charbon, le plus polluant, semble assez faible – et on peut penser qu’elle va diminuer encore. Le gaz, ma foi, est un Janus à double face: le plus faible émetteur de CO2 parmi les fossiles, mais quand même trop à terme, une énergie de transition, pas une solution de très long terme, ou alors en quantités vraiment limitées. Reste le pétrole – et là, les professionnels vous diront que le niveau actuel des investissements (en tout cas avant l’accord d’Alger qui pourrait faire remonter les cours, et donc les investissements) ne serait pas suffisant pour garantir l’approvisionnement en pétrole même dans un scénario climato-compatible. N’empêche, tout bien considéré, comme souligne l’AIE en conclusion de ce rapport, les investissements dans l’énergie continuent de se modifier au profit des sources et technologies pauvres en CO2, mais pas assez vite par rapport à nos objectifs en matière de sécurité énergétique et de changements climatiques.
Je ne sais pas comment l’AIE calcule les montants d’investissement quand ils sont chez des particuliers ou en autoconsommation dans les entreprises.
Il n’y a probablement dans ces chiffres que le montant des gros projets dont le financement est rendu publique.
C’est pour l’instant la plus grosse part des investissements, mais avec le développement de l’autoconsommation chez les particuliers et dans les secteurs tertiaires et industriels
on devrait prochainement voir une augmentation de la puissance installée.
Il ne sera d’ailleurs pas facile de comptabiliser les kWh produits, vu qu’on ne déclare pas sa production en autoconsommation.
Si on veut tenir la trajectoire de réduction des gaz à effet de serre, l’autoconsommation doit être plus encouragée qu’elle ne l’est actuellement. Avec une simplification des procédures (injection gratuite du surplus sans limitation de puissance), rien qu’en France on devrait pouvoir ajouter quelques GW supplémentaires par an.