Jusqu’au récent conseil de politique nucléaire tenu à l’Elysée début février, toutes les réformes de l’organisation de la surêté nucléaire ont, depuis toujours, visé à l’améliorer, et par la même la confiance que les citoyens pouvaient porter à la sûreté des installations nucléaires.
La réforme lancée par ce conseil éclaterait l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire en deux morceaux: la recherche, que récupérerait le CEA, l’expertise, qui serait absorbée par l’Autorité de sûreté nucléaire, laquelle comme son nom l’indique est en charge du contrôle des exploitants, et donc le décideur ultime en matière de sûreté nucléaire.
Cette réforme s’écarte du chemin des réformes précédentes, en ce qu’elle est proposée au vote du Parlement par le bias d’un amendement gouvernemental au projet de loi d’accélération des procédures nucléaires, déjà examiné par le Sénat et en attente d’examen par l’Assemblée nationale.
Et de deux choses l’une: ou bien ce projet de réforme n’a rien à voir avec une volonté d’accélérer le développement du nucléaire, et alors c’est un cavalier législatif qui n’a rien à faire dans cette loi « d’accélération » et risquerait fort, s’il était adopté par le Parlement dans ce cadre, d’être censuré par le Conseil constitutionnel. Ou bien, et c’est le plus probable, cette réforme ne vise pas à renforcer la sécurité nucléaire mais seulement à « accélérer les procédures », et c’est comme si son initiateur disait simplement, ce qui freine le nucléaire, c’est la sûreté, pour accélérer le nucléaire il nous faut diminuer la sûreté.
Le projet soulève de nombreuses questions quant au fond – il suffit d’écouter l’ancien député Claude Birraux, qui présida les missions de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technique, devant ce même office (portail vidéo de l’Assemblée nationales). Mais sans même examiner le fond, la précipitation dans laquelle ce projet est porté, et son inscription dans une loi d’accélération, ne lui laissent absolument aucune chance d’augmenter la confiance de l’opinion dans le nucléaire.
Macron doit être un militant anti-nuke infiltré, c’est sûrement ça.