Près de 150 Chefs d’Etat et de Gouvernement demain au Bourget pour l’ouverture de la COP21: cet exploit de notre diplomatie est remarquable, à l’heure où le fanatisme et la déraison, les passions les plus irrationnelles ou les plus cyniques (ou les deux à la fois) désolent nos rues et envahissent nos esprits.
Les gaz à effet de serre ne se voient pas, ne se sentent pas, et les scientifiques se refusent le plus souvent – avec raison ! – à attribuer au dérèglement climatique tel ou tel évènement météorologique extrême. Bref, décider aujourd’hui de s’abstenir volontairement d’utiliser ne serait-ce qu’une part de ressources énergétiques abondantes et pas chères relève malgré tout d’une démarche intellectuelle sophistiquée. Les vrais enjeux sont à long terme, car rien de ce que nous ferons ne ralentira significativement les changements climatiques à court terme, qui ne résultent pas directement de nos émissions à tout instant mais bien de leur lente accumulation dans l’atmosphère. Nous agissons pour 2030 au plus tôt, et au-delà. C’est bien ça qui est remarquable: ceux qui prennent les décisions aujourd’hui seront sans doute, justement, dans l’au-delà, quand elles auront vraiment un effet sur climat.
Certes il y a la qualité de l’air comme motivation additionnelle, mais on a su réduire nombre de polluants avec des dispositifs de « fin de tuyaux », avec des bonheurs divers j’entends bien mais quand même, on peut faire pas mal de progrès sans réduire les gaz à effet de serre. Si le scepticisme de certains scientifiques relève de la plus parfaite mauvaise foi ou de la corruption par des intérêts puissants, celui de l’homme de la rue est plus excusable.
Dès lors, ce rassemblent unique, exceptionnel, de chefs d’Etat et de gouvernements si divers dans leurs croyances et leurs modes de pensée dans cette époque pleine de bruit et de fureur, et quel que soit le résultat final de COP21, est déjà en lui-même une formidable victoire de la raison.