Les socialistes sont plus positifs, mais veulent, comme les communistes, que le partage territorial de la valeur s’effectue exclusivement au profit des collectivités territoriales (c’est déjà le cas avec la fiscalité), pas des riverains. Ils s’inquiètent beaucoup du risque – infondé – que le photovoltaïque menace la sécurité alimentaire. Il est vrai que la préoccupation est partagée par la FNSEA et la Confédération paysanne. Les communistes du groupe Gauche démocratique et républicaine, si l’on a bien compris, ne voteront de toute façon le projet qui repose largement sur les initiatives des entreprises du secteur privé.
Restent les groupes écologistes et « insoumis », qui feront pencher la balance dans un sens ou l’autre au moment du vote final. Les députés insoumis, de loin plus nombreux, hésitent entre l’abstention, qui pourrait laisser passer le texte, et le vote contre. Les députés écologistes se prétendent les meilleurs défenseurs des énergies renouvelables… mais ne cessent de leur mettre des bâtons dans les roues, ou plutôt les rotors, des éoliennes.
Ainsi, avec le soutien des Républicains et du Rassemblement National ont-ils éliminé du texte original l’article déclarant que tous les projets d’énergie renouvelables répondent à une « raison impérieuse d’intérêt public majeur » (RIIPM). Selon eux, le retard français en matière d’énergies renouvelables ne tient en rien à la complexité du processus administratif, mais doit tout au « manque de volonté politique » du gouvernement, et au manque d’effectifs dans les préfectures chargés d’instruire les projets. Or ces freins s’additionnent, et il convient de les lever tous.
La difficulté des projets renouvelables, surtout les plus modestes, à démontrer qu’ils répondent à une « RIIPM », conduit certains d’entre eux à l’échec, d’autres à affronter des procédures juridiques longues. Les écologistes craignent que proclamer les renouvelables d’intérêt public majeur n’affaiblisse la protection de la biodiversité.
C’est oublier d’abord que le dérèglement climatique est une cause majeure d’érosion de la biodiversité, ensuite que d’autres solides verrous sont en place pour protéger les espèces protégées – ce que démontrent a contrario les récents déboires juridiques de développeurs négligeant cette protection. Ainsi les développeurs doivent-ils démontrer l’absence d’alternative satisfaisante, et surtout que les mesures prises pour éviter, réduire ou compenser les impacts de leurs projets « ne porte pas atteinte au maintien en état de conservation » de ces espèces.
Nul doute que le gouvernement réintroduira par amendement cette « RIIPM »… qui est par ailleurs au cœur du projet européen « Fit for 55 » de révision de la Directive renouvelables, et plus récemment d’un projet de régulation qui devrait être formellement adopté en Conseil des ministres de l’Énergie avant la fin de l’année, et qui s’imposera directement pendant dix-huit mois dans tous les États de l’Union européenne.
Avec l’absence de majorité au sein de l’Assemblée nationale, l’espoir était grand de voir enfin se mettre en place dans la plus jacobine, voire monarchique, des démocraties européennes, un esprit de coopération et de responsabilité qui permette d’authentiques négociations entre différents courants. Les postures adoptées par les uns et les autres sur ce projet de loi n’en portent pas la trace, du moins pour l’instant.
Que retiendra l’opinion de l’attitude leurs élus écologistes ? Ils ne veulent pas d’énergie fossile, pas de nucléaire, mais pas non plus d’énergies renouvelables, ou seulement du bout des lèvres, ce n’est pas pour eux un « intérêt public majeur ». Restent les économies d’énergie et la sobriété, mais elles ne peuvent suffire.
À tort ou a raison, les Français risquent de les assimiler aux prix très élevés des énergies et aux coupures d’électricité. Au-delà des effets sur la loi du refus de la « RIIPM », que l’Union européenne pourra corriger, l’affichage risque d’être désastreux. Les écologistes ont raison de se préoccuper des espèces menacées, mais en refusant ainsi de soutenir franchement les énergies renouvelables, ils pourraient bien eux-mêmes devenir une espèce en voie de disparition.
Mon commentaire ne portera pas sur ce sujet mais sur la tribune parue dans le journal du photovoltaïque.
Votre raisonnement sur le bilan carbone est très intéressant mais peut-il être entendu?
Par contre un point qui n’est pas abordé à propos de ce projet Horizeo et de tous les grands projets c’est l’impact sur la circulation des mammifères petits et grands.
Vous avez raison de souligner que les centrales au sol sont indispensables pour atteindre nos objectifs mais certains ayatollah ne veulent pas le reconnaitre.
L’éolien a probablement un impact moindre sur la biodiversité que le PV au sol. Existe-t-il une comparaison?
Cordialement