Combien de fois n’avons-nous pas entendu cela? « Pour chaque MW d’éolien ou de PV installé, il faut construire un MW de centrale thermique pour compenser l’intermittence des renouvelables ». Je vais essayer d’expliquer pourquoi c’est faux et comment calculer le « back-up » éventuellement nécessaire.
La blague du mois de juin 2015
Dans Le Monde du 5 juin, Jean Tirolle et Christian Gollier, de l’école d’économie de Toulouse, affirment que « la technologie permet aujourd’hui de surveiller facilement les émissions de CO2 d’un pays ». Première nouvelle!
Politique monétaire et transition énergétique
Au-delà du soutien à l’idée d’afficher clairement un corridor de prix pour le carbone, le rapport (en ligne sur cette même page des Echos) sur la mobilisation des financements pour le climat de Pascal Canfin et Alain Grandjean ouvre discrètement une brèche. C’est page 82 – hélas pas dans les « 10 propositions clés » de la page 14, lorsque les auteurs abordent le rôle – éventuel – de la politique monétaire face au dérèglement climatique. Oh, la proposition reste très modérée – qu’on en juge:
« Nous proposons que :
– Les banques centrales rendent compte dans leur rapport d’activité de l’évolution de la part relative des collatéraux “climat” dans leur bilan ;
– Des échanges officiels entre banques centrales puissent avoir lieu sur ce thème en listant les différents outils possibles ou déjà utilisées d’intervention. »
Néanmoins, c’est une indication de piste – celle qu’avec Alain Grandjean, Gael Giraud et Patrick Criqui nous suggérions déjà en 2011: que le système des banques centrales finance ou refinance la transition énergétique par voie de création monétaire. Depuis, la BCE a lancé son quantitative easing, mais faute d’être fléché vers l’investissement utile, il risque de ne servir qu’à gonfler les bulles spéculatives sur les actions ou l’immobilier.
Un « corridor de prix » pour le carbone
Que j’aime ce titre des Echos!
Nos amis de la Commission européenne admettent maintenant que l’objectif réel du système de permis d’émissions n’était pas, contrairement à ce qui a longtemps été proclamé, d’obtenir des réductions d’émissions à court terme au prix le plus bas possible, mais bien d’envoyer dans toute l’économie un signal prix de long terme sur le carbone.
– Un signal prix, oui, mais lequel?
– Ah non, c’est au marché de le dire, répondaient-ils, sans réaliser cette évidence qu’un signal qu’on s’interdit d’articuler est forcément inaudible.
Le rapport Canfin Grandjean remis aujourd’hui au président de la République va peut être faire enfin bouger les lignes.
Climato-scepticisme: la honte française
Yves Sciama a lancé l’alerte dans La Recherche, Stéphane Foucart dans le Monde du 22 mai: À l’heure où la France prépare la conférence internationale sur le climat, l’Académie des sciences va-t-elle relayer les thèses des climato-sceptiques ? L’institution pourrait rédiger un avis incluant un point de vue minoritaire contestant l’influence humaine sur le climat. Du jamais vu, qui met notre Académie des sciences à la pointe mondiale du scepticisme – à peu près au niveau du Sénat des Etats-Unis, à l’heure où la France va accueillir la COP 21. Mégie, réveille-toi, ils sont devenus fous!
Prix de l’électricité: nouveau record mondial pour l’éolien
GDF Suez – mais oui! – vient de remporter un appel d’offres en Egypte pour la fourniture d’un parc éolien de 250 MW avec le plus bas prix jamais vu pour l’éolien (hors subvention de type « production tax credit » comme aux Etats-Unis) : 41 dollars le mégawattheure, autrement dit, moins de 4 centimes d’euro par kilowattheure. Il est vrai que la ressource éolienne en Egypte est exceptionnelle, et que le projet se trouve dans le golfe de Suez, où GDF Suez se doit d’être à son aise…
Les compétiteurs ont tous proposé des prix inférieurs à 50 dollars.
Quelques mois après le record solaire de Dubai, à 58,4 dollars le MWh, l’éolien démontre que c’est toujours lui qui tient la corde pour les plus bas prix.
Une électricité 100% renouvelable? Peut-être, mais…
A la demande générale, et pour répondre à l’actualité créée par la non-publication d’une étude de l’ADEME sur une électricité 100% renouvelables en France, je remets sur le dessus de la pile les extraits les plus significatifs d’une note de blog d’octobre dernier, que je compte enrichir dans les prochains jours de quelques précisions issues de l’étude de l’ADEME. Revenez bientôt…
How renewables contribute to energy security
COP 21: ambitieux ou contraignant, l’accord, mais il faut choisir!
Mon interview sur le site ninjaclimat
(Voir aussi l’excellent papier de Dominique Bidou)
Et pour le dire (un peu) autrement: il est très difficile de penser qu’on puisse gérer la question climatique exclusivement par des accords mondiaux de réduction des émissions. Dans un contexte de double incertitude sur les coûts de l’action… Continuer la lecture
La transition énergétique ou la spéculation!
« Les efforts d’investissements visant à relancer la croissance économique –le plan Juncker, l’augmentation du bilan de la banque centrale européenne – doivent être dirigés vers des investissements rentables, sûrs et utiles, en particulier les réseaux électriques, les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Ainsi investi, cet argent ne risquera pas d’alimenter de nouvelles bulles spéculatives. » Cest par ces mots que Maria van der Hoeven, la directrice de l’AIE, a conclu son discours au colloque du Syndicat des Energies Renouvelables, jeudi (12 février 2015).
Son discours est ici et toutes ses slides sont là (y compris celle qui n’a pas été reproduite dans le discours).