Archives de catégorie : A votre attention

Dérèglement climatique et générations futures

J’ai rédigé l’article « Discounting » de cette encyclopédie de l’économie de l’environnement, étape peut-être finale d’une réflexion sur la théorie de l’actualisation, le changement climatique et les générations futures, entamée il y a plus de trente ans, qui a rebondi avec la controverse entre Nicholas Stern et William Nordhaus.
Cette réflexion s’appuie notamment sur des papiers de Kenneth Arrow, Robert Lind, William Baumol, Marcel Boiteux, Antony Fisher, Irving Fisher, Roger Guesnerie, Michael Hoel, Harold Hotelling, John Krutilla, Eric Neumayer, Richard Newell, Martin Persson, Billy Pizer, Alain Quinet, Ary Rabl, Frank Ramsay, Paul Ricoeur, Robert Solow, Thomas Sterner et Martin Weitzman, et les échanges que j’ai eu la chance d’avoir avec une douzaine de ces auteurs.
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L’élection de Madame Le Pen serait un désastre pour le climat

« L’urgence est de rompre avec une écologie dévoyée par un terrorisme climatique qui met en danger la planète, l’indépendance nationale et plus encore, le niveau de vie des Français ». Un terrorisme climatique, pas moins, voilà ce qu’on peut lire dans le Projet pour la France de Marine Le Pen, cahier « M L’écologie ». Nous sommes habitués à d’âpres débats sur les renouvelables et le nucléaire au nom du climat, mais là nous entrons dans une autre dimension : la remise en cause de toute tentative de réduire nos gaz à effet de serre, avec de redoutables effets d’entrainement aux échelles européenne et mondiale.

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« Réduire les importations de pétrole russe est aussi efficace que décréter un embargo total sur le gaz, et infiniment plus facile pour les Européens »

L’expert de l’énergie Cédric Philibert plaide, dans une tribune au « Monde », pour l’arrêt de l’achat de pétrole russe, plus souple à mettre en œuvre que l’embargo sur le gaz.

Publié le 15 mars 2022 à 05h30   

Tribune. Les exportations de pétrole et de produits pétroliers ont représenté en 2019, c’est-à-dire bien avant l’envolée récente du prix des hydrocarbures, quasiment la moitié du total des exportations nettes de la Russie, en valeur. Le gaz naturel n’en représentait que 7 %, soit sept fois moins, à peine plus d’ailleurs que le charbon (5 %).

Les dirigeants européens semblent paralysés par notre dépendance au gaz russe comme des lapins aveuglés par les phares d’une voiture, incapables de faire un pas de côté. Bien sûr, il faut diminuer au plus vite notre dépendance au gaz russe, dans l’urgence, sans exclusive et par tous les moyens : sobriété, fournisseurs alternatifs, énergies alternatives.

Mais un embargo complet resterait compliqué pour nombre de pays européens, dépendants du gaz russe à 55 % (Allemagne) et plus pour l’Autriche, les pays Baltes, la Hongrie, la Finlande, la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque et d’autres, même si des économistes allemands ont calculé un coût maximal de 3 % du produit intérieur brut pour leur pays (« What If ? The Economic Effects for Germany of a Stop of Energy Imports From Russia », ECONtribute Policy Brief n° 028).

Or, s’il s’agit avant tout d’arrêter de financer la sale guerre de Poutine en Ukraine, ce sont d’abord les importations de pétrole russe qu’il faut frapper. Les dockers de Stanlow, en Angleterre, l’ont bien compris et ont refusé de décharger le pétrole russe d’un navire battant pavillon allemand [le 5 mars], non concerné par l’interdiction faite aux navires russes. Réduire les importations de pétrole russe de 15 % est aussi efficace que décréter un embargo total sur le gaz russe, et infiniment plus facile pour les Européens.

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Déconfits-nés: la ville du quart d’heure et le climat

Comment penser les transports urbains – métro, bus, vélo, voitures… – et au-delà le travail, le logement, les loisirs, bref, l’urbanisme dans le contexte du déconfinement, et sans perdre de vue, bien au contraire, nos objectifs climatiques? Je prête ici mes modestes colonnes à mon ami Denis Bonnelle, économiste et physicien, esprit curieux et inventif passionné d’énergies renouvelables en tous genres. Il a bien voulu rassembler  une suite de mails que j’ai trouvé très intéressants en en un article unique… que j’aurais aimé avoir écrit car j’y souscris sans réserves!

« Dans une semaine, les transports en commun reprendront avec des contraintes strictes de distance interpersonnelle de 1 m, c’est-à-dire, dans les plus grandes villes, en transportant de l’ordre de 20 % du nombre de voyageurs habituels en heure de pointe (sans compter que l’offre de trafic ne sera que de 70 % à la RATP). À première vue, ça ressemble à une mauvaise nouvelle pour le climat : toujours cette difficulté à convaincre que 2050, c’est une véritable urgence et qu’on ne doit pas perdre une minute – ou, en tout cas, pas une occasion de faire bouger les lignes. Continuer la lecture

Croissance et décroissance. 1: la démystification démystifiée

 

La décroissance est à la mode, et ses défenseurs prétendent l’appuyer sur la démystification du « découplage » entre croissance et pressions sur l’environnement (et notamment les émissions de gaz à effet de serre), qui serait selon eux une impossible. Ont-ils raison?

« La croissance est malade, qu’elle crève ! » Cette condamnation sans appel, c’est l’auteur de ces lignes qui la formulait dans un éditorial de « la Gueule ouverte – combat non violent », le journal qui annonçait la fin du monde avec quarante ans d’avance, et peut-être, on l’espère, un peu plus. C’était en août 1978. André Gorz, alias Michel Bosquet, avait alors déjà évoqué la nécessité d’une « décroissance ». Mais si j’évoque ce passé lointain c’est pour questionner plus au fond ce concept de décroissance.

Tout d’abord, ce concept utilise au fond le même critère que la croissance. Implicitement, ce qui croît ou décroît, c’est le volume de l’économie, le produit intérieur (ou mondial) brut. Ce concept a été critiqué mille fois, car il compte dans le positif les accidents de la route et les journées d’hôpital, mais pas la bonne santé qui n’entraîne pas de dépenses spécifiques. C’est même de la critique du concept de PIB qu’est née, pour une bonne part, la critique du concept de croissance. Mais cette critique s’applique tout aussi bien au concept de décroissance. Si le thermomètre ne vaut rien, comment savoir si la température croît ou décroît, et que signifie une recommandation dont elle serait l’objet ?

J’avoue préférer au concept de décroissance celui de sobriété. Renoncer au superflu est une dimension essentielle de l’action pour préserver le climat. Mais cela ne saurait suffire. Dans le cas des émissions de gaz à effet de serre, dont l’utilisation de charbon, pétrole et gaz est la source principale, il faut associer à la sobriété l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables, comme l’illustre ci-contre l’association Negawatt.

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Solar energy: mapping the road ahead

Le 31 octobre dernier, à New Delhi, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’Alliance Solaire Internationale, l’ISA et l’Agence Internationale de l’Energie ont rendu public ma dernière publication en tant qu’officiel de l’AIE, Solar Energy, Mapping the road ahead. Disponible gratuitement sur le site de l’Aie, ce manuel pratique essentiellement destiné à fournir une méthodologie et les informations de base nécessaires à l’élaboration de feuilles de route de développement du solaire sous toutes ses formes – photovoltaïque, solaire thermique et solaire thermodynamique à concentration.

Pas de révélation fracassante dans ce document, donc, mais je ne résiste pas à la tentation de montrer (ci-dessous) ce graphe qui souligne l’incroyable dynamisme du photovoltaïque, parti de rien il y a dix ans et qui déjà fournit davantage d’énergie que le solaire thermique – qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en afflige, car nous avons naturellement besoin des deux.

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In memoriam Weitzman

La fin tragique de l’économiste Martin Weitzman – il a mis fin à ses jours, à 77 ans le 27 aout dernier – nous invite à revisiter son œuvre, considérable et essentielle. Il a été en effet pendant un demi-siècle le meilleur et le plus fameux représentant de l’économie de l’environnement. Professeur d’économie à Harvard, il y dirigeait avec Robert Stavins un célèbre séminaire sur les politiques et l’économie de l’environnement. Il a publié près de cent articles dans des revues à comité de lecture, et trois livres.

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Coup d’oeil sur 2014

En 2014…

Les investissements dans l’énergie propre (selon la définition de Bloomberg) ont rebondi à 275 milliards de dollars ou plus, au moins 10% de mieux qu’en 2013.

Au moins 44 GW de solar PV ont été installés dans le monde, 10% de plus qu’en 2013 (chiffre à préciser bientôt). Les prix des modules PV ont été stabilisés, permettant aux industriels survivants de retrouver des profits. L’efficacité des modules a continué d’augmenter, favorisant la baisse de coût des installations.

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