Archives de l’auteur : Cédric Philibert

« La défense du nucléaire comme énergie bas carbone affaiblit l’action de l’Union européenne contre le changement climatique »

Ci-dessous la tribune que j’ai signée dans Le Monde (site, 13 janvier) avec mes amis de l’association ENR pour tous, en particulier Stéphane His, Corinne Lepage, Ghislain Dubois et Clément Bayard.

En cherchant à relancer quoi qu’il en coûte le nucléaire, la France ne rate pas seulement une occasion historique d’une transition rapide et moins coûteuse vers les énergies renouvelables et la décarbonation. Elle affaiblit l’ambition climatique de l’Union européenne (UE).

La réintégration de la production nucléaire actuelle en Europe – 6 % de son énergie finale – dans l’objectif de 42,5 % d’énergies renouvelables fixé par la directive RED III [Renewable Energy Directive III] créerait un artifice comptable et entraînerait un flou stratégique dans un domaine qui a pourtant besoin de vision à long terme.

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« Les enjeux climatiques de l’appel à tripler les renouvelables en 2030 sont beaucoup plus élevés que ceux de l’appel à tripler le nucléaire d’ici à 2050 »

Alors que le gouvernement français regarde ailleurs, l’économiste Cédric Philibert explique, dans une tribune au « Monde », pourquoi la France aurait intérêt à développer ses capacités électriques renouvelables, que ce soit par le recours accru à l’hydroélectricité, au solaire ou à l’éolien.

(Ma tribune publiée dans le Monde ce matin 12 décembre 2023.)

Le même jour, à la COP28, deux appels ont été lancés.

Le premier, soutenu par plus de cent vingt pays, vise à tripler les capacités renouvelables électriques d’ici à 2030, et à doubler le rythme de progression de l’efficacité énergétique.

Le deuxième est un appel à doubler la production d’électricité nucléaire d’ici à 2050. Soutenu par une vingtaine de pays, il a été largement inspiré par le nôtre.

La simultanéité de ces deux appels invite à comparer leurs effets possibles sur les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que leurs perspectives de succès. L’appel sur les renouvelables a beaucoup plus d’effets sur le climat, et, même si cela peut surprendre, sa réussite paraît davantage garantie.

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Dérèglement climatique et générations futures

J’ai rédigé l’article « Discounting » de cette encyclopédie de l’économie de l’environnement, étape peut-être finale d’une réflexion sur la théorie de l’actualisation, le changement climatique et les générations futures, entamée il y a plus de trente ans, qui a rebondi avec la controverse entre Nicholas Stern et William Nordhaus.
Cette réflexion s’appuie notamment sur des papiers de Kenneth Arrow, Robert Lind, William Baumol, Marcel Boiteux, Antony Fisher, Irving Fisher, Roger Guesnerie, Michael Hoel, Harold Hotelling, John Krutilla, Eric Neumayer, Richard Newell, Martin Persson, Billy Pizer, Alain Quinet, Ary Rabl, Frank Ramsay, Paul Ricoeur, Robert Solow, Thomas Sterner et Martin Weitzman, et les échanges que j’ai eu la chance d’avoir avec une douzaine de ces auteurs.
Cliquez sur l’image ci-contre pour accéder à la table des matières de l’encyclopédie.

L’erreur fondamentale des critiques de la transition énergétique


Les fours à arc électrique produisent environ un quart de l’acier mondial

Je lis de plus en plus souvent sur LinkedIn des commentaires qui reprennent cette idée qu’on ne saurait fabriquer éoliennes et panneaux solaires, ni d’ailleurs aucun artefact de la civilisation industrielle, sans énergies fossiles. Pas d’extraction des minéraux possibles sans pétrole, pas de transports de et vers les usines sans pétrole, pas d’usines sans charbon ou gaz. Cette affirmation est rarement démontrée. Jean-Marc Jancovici fait seulement mine de se poser la question – la civilisation industrielle peut-elle survivre sans fossiles? Jean-Baptiste Fressoz, plus malin, note seulement que pour fabriquer de l’acier sans fossiles, il faut beaucoup d’électricité, ce qui est vrai, et qu’il n’est pas sûr qu’on arrive à en produire assez – et à changer les modes de production – d’ici à 2050, c’est en effet un point de discussion sur lequel personne ne peut apporter de preuve expérimentale avant 2050. Et cela risque d’être une prophétie autoréalisatrice, décourageant les efforts pour y parvenir…

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« L’éolien et le solaire constituent le plus important levier d’action contre le dérèglement climatique »

Voici la Tribune que Le Monde a bien voulu mettre en ligne lundi 3 juillet. Le Chapô est bien entendu de la rédaction du Monde:  « ¨Pour l’économiste Cédric Philibert, il est possible d’atteindre l’objectif de « zéros émissions nettes » d’ici 2050 grâce à l’électrification par les renouvelables, sans attendre le nucléaire. »

La progression semblait inexorable : hormis 2020 pour cause de pandémie, les émissions mondiales de gaz à effet de serre augmentaient d’année en année, battant à chaque fois de nouveaux records. L’année 2023 devrait cependant marquer un premier point d’inflexion, selon le think tank Ember Climate : les émissions liées à la production d’électricité pourraient enfin reculer, grâce à la croissance très rapide de l’éolien et du solaire, qui produisent désormais respectivement 7,5 % et 4,5 % de l’électricité mondiale ; ils n’en produisaient ensemble que 6 % en 2015.

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Cette batterie thermique peut stocker de la chaleur jusqu’à 1 500 °C

Après plusieurs mois d’essais et de vérifications sur place, elle est entrée en service commercial lundi 6 mars – prétexte à une petite cérémonie d’inauguration. Elle, c’est la première « batterie de chaleur » électrique aux États-Unis à atteindre des températures de 1 500 °C. Elle est installée à Pixley, en Californie, à peu près à mi-chemin entre San Francisco et Los Angeles, au sein de l’usine de production d’éthanol de Calgren.

La production de carburants plus ou moins verts, alternatives aux carburants pétroliers, est sans doute en Californie le marché le plus profitable aujourd’hui pour ce type de technologie : les subventions aux carburants alternatifs dans le secteur des transports sont directement indexées sur les émissions de CO₂ qu’elles évitent sur l’ensemble de leur cycle de vie. Or, l’État de Californie valorise les réductions d’émissions dans les transports bien plus que celles de l’industrie. Résultat, les émissions évitées lors de la fabrication industrielle des biocarburants sont davantage récompensées que les émissions évitées dans d’autres secteurs industriels, moins directement liés aux transports.

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La transition dans l’industrie, otage de la pénurie d’électricité

C’est très vite qu’il faudra augmenter la production d’énergie décarbonée à destination de nombreux process industriels. Hélas, la loi sur l’accélération de la production d’énergies renou­velables ne permet pas réellement de rattraper le retard français.

Je reproduis ici un article publié dans L’économie Politique  de février dernier. J’ai ajouté en italiques quelques remarques davantage d’actualité.

En l’espace d’un peu plus d’un an, les perspectives énergétiques de la France semblent avoir radicalement changé. Rembobinons le film. A l’automne 2021 paraît la première version de l’étude de Réseau de transport d’électricité (RTE), « Futurs énergétiques 2050 ». Elle consacre, explicite et détaille la stratégie nationale bas carbone (SNBC) révisée en 2018-2019, en application de la loi de transition énergétique de 2015. Rompant avec les projections antérieures d’une quasi-stagnation de la demande d’électricité, l’étude de RTE envisage un changement radical de trajectoire, une augmentation de 50 % à l’horizon 2050, car l’électricité doit remplacer une large part des combustibles et carburants fossiles… tout en prévoyant une baisse de 40 % de la demande d’énergie finale.

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L’éolien et le solaire ne remplacent pas le nucléaire français

C’est un thème très en vogue auprès des adversaires des énergies renouvelables qui ne jurent que par le nucléaire : l’éolien et le solaire ne feraient en France que prendre la place de l’énergie nucléaire. Et de ce fait, ne contribueraient en rien à décarboner le mix électrique français ou européen.

Jean-Marc Jancovici, entre autres, aborde ce thème dans sa fameuse bande dessinée « Le Monde sans fin » (avec Christophe Blain, Dargaud), pp. 158-159. La thèse est reprise avec force par deux autres polytechniciens, anciens dirigeants d’entreprises, Gérard Buffière et Bernard Kasriel, dans une tribune d’Atlantico le 4 avril dernier : « La priorité d’injection sur le réseau, que confèrent leurs contrats aux producteurs d’énergie renouvelable, dès que leurs installations éoliennes ou solaires produisent, se traduit par une baisse de la production nucléaire. »

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Contre le dérèglement climatique, le soleil et le vent en tête

Près d’un mois après sa parution, il faut revenir sur le dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), ce document qui synthétise les trois volets de la sixième évaluation du dérèglement climatique : les bases physiques, les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité, enfin les mesures d’atténuation, publiés quant à eux en août 2021, février et avril 2022. Moins pour en rendre compte à notre tour, que pour s’étonner de la façon dont la plupart des commentateurs en ont rendu compte.

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Renouvelables: le ministère de l’absurde

Stupeur et tremblements : la loi d’accélération des renouvelables à peine promulguée, les dernier appel d’offre éolien du gouvernement français s’achève en désastre. L’appel éolien visait 925 mégawatts (MW) de puissance éolienne. 944 MW ont été proposés par des développeurs… et 54 MW seulement retenus par le ministère de la Transition écologique, sur proposition de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Un appel d’offre solaire a suivi à peu près le même sort.

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