La décroissance est à la mode, et ses défenseurs prétendent l’appuyer sur la démystification du « découplage » entre croissance et pressions sur l’environnement (et notamment les émissions de gaz à effet de serre), qui serait selon eux une impossible. Ont-ils raison?
« La croissance est malade, qu’elle crève ! » Cette condamnation sans appel, c’est l’auteur de ces lignes qui la formulait dans un éditorial de « la Gueule ouverte – combat non violent », le journal qui annonçait la fin du monde avec quarante ans d’avance, et peut-être, on l’espère, un peu plus. C’était en août 1978. André Gorz, alias Michel Bosquet, avait alors déjà évoqué la nécessité d’une « décroissance ». Mais si j’évoque ce passé lointain c’est pour questionner plus au fond ce concept de décroissance.
Tout d’abord, ce concept utilise au fond le même critère que la croissance. Implicitement, ce qui croît ou décroît, c’est le volume de l’économie, le produit intérieur (ou mondial) brut. Ce concept a été critiqué mille fois, car il compte dans le positif les accidents de la route et les journées d’hôpital, mais pas la bonne santé qui n’entraîne pas de dépenses spécifiques. C’est même de la critique du concept de PIB qu’est née, pour une bonne part, la critique du concept de croissance. Mais cette critique s’applique tout aussi bien au concept de décroissance. Si le thermomètre ne vaut rien, comment savoir si la température croît ou décroît, et que signifie une recommandation dont elle serait l’objet ?
J’avoue préférer au concept de décroissance celui de sobriété. Renoncer au superflu est une dimension essentielle de l’action pour préserver le climat. Mais cela ne saurait suffire. Dans le cas des émissions de gaz à effet de serre, dont l’utilisation de charbon, pétrole et gaz est la source principale, il faut associer à la sobriété l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables, comme l’illustre ci-contre l’association Negawatt.
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